Zaynab, fidèle à elle-même, ne se priva pas. Elle sélectionna uniquement des pièces luxueuses, des marques renommées, des tissus rares, des coupes précises. Tout ce qui avait du prestige passait entre ses mains. À un moment, elle choisit un bracelet en diamant étincelant. Elle s’apprêtait à le faire emballer quand Mourad, sans même lever les yeux, dit simplement :
— Non. Pas celui-là.
Zaynab le fixa, incrédule.
— T’es vraiment un faux riche, lâcha-t-elle.
Mourad ne répondit pas. Son silence était plus tranchant que n’importe quelle parole.
En fin d’après-midi, ils rentrèrent enfin à la villa. Épuisées mais chargées, les filles ramenèrent leurs sacs dans leurs chambres, certaines le sourire aux lèvres, d’autres la frustration dans le regard.
Zaynab, elle, marchait en silence. Mais son regard brûlait toujours.
La seule prétendante qui n’avait encore jamais partagé de dîner seul avec Mourad, c’était Khoudia. Ce soir-là, alors que le calme régnait dans la villa, Mourad frappa à la porte de sa chambre. Il tenait une robe soigneusement pliée dans un emballage blanc satiné.
— Prépare-toi, lui dit-il. Je t’emmène dîner dans un endroit extraordinaire.
Khoudia, surprise et timidement souriante, hocha la tête sans oser poser de questions. Dès qu’il quitta la pièce, elle ouvrit l’emballage et découvrit la robe qu’il lui avait choisie.
C'était une longue robe noire, élégante, au tissu fluide et opaque. Le haut satiné épousait délicatement sa silhouette avec des manches longues légèrement bouffantes au niveau des poignets, marquant une allure princière. Une ceinture cintrée soulignait sa taille, tandis que la jupe s’évasait en une cascade de tulle aérien qui frôlait le sol avec légèreté. Elle l’associa à des escarpins ivoire décorés de perles, une petite pochette blanche et des boucles d’oreilles nacrées en forme de nœud, pour une touche de pureté. À son cou, deux fines chaînes dorées complétaient l’ensemble avec sobriété.
Pendant ce temps, Mourad retourna dans sa chambre pour se préparer. Une fois prêt, il descendit dans le salon où Bella Dior lisait un magazine.
— Va appeler les filles, dit-il calmement. Jennah, Lina et Zaynab. Dis-leur de venir.
Quelques minutes plus tard, les trois prétendantes s’avancèrent dans le salon. Jennah, curieuse, s’installa aussitôt sur le canapé. Lina croisa les bras, debout près de la baie vitrée. Zaynab, indifférente comme à son habitude, s’installa tranquillement sur un fauteuil.
Puis, la porte s’ouvrit. Et Khoudia entra.
Le silence se fit immédiatement. Elle marchait lentement, la tête légèrement baissée, ses talons clairs résonnant sur le sol marbré. Sa robe noire ondulait autour d’elle à chacun de ses pas, la faisant ressembler à une princesse discrète et gracieuse.
Bella Dior sourit et se leva.
— Tu es ravissante, Khoudia.
— Vraiment magnifique, ajouta Zaynab, d’un ton sincère qui surprit.
Jennah et Lina, elles, se forcèrent à sourire.
— Oui… très élégante, murmura Jennah, les dents serrées.
— Ça te va bien, ajouta Lina, sans y croire une seconde.
Mourad s’approcha doucement. Il la regarda longuement, de la tête aux pieds, puis déclara d’une voix claire :
— La meilleure pour la fin.
Il s’approcha davantage, et sans la moindre hésitation, il déposa un b****r léger sur le front de Khoudia.
— Tu es très belle.
Lina serra la mâchoire. Jennah roula des yeux, outrée. Mais Zaynab, elle, resta impassible. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid.
Mourad tendit la main à Khoudia, qui la prit timidement. Ensemble, ils se dirigèrent vers la sortie.
— À plus tard, lança Mourad sans se retourner.
Et les portes se refermèrent derrière eux.
La voiture les déposa au bord de la mer, où la brise douce caressait l'air. Le décor était digne d’un rêve, avec l'océan calme qui s'étendait à perte de vue sous les derniers rayons du soleil couchant. Mourad, souriant et calme, prit la main de Khoudia et la guida jusqu'à la table dressée sous un gazebo, décorée de lanternes et de fleurs fraîches. La lueur des bougies créait une atmosphère intime, propice à la discussion.
Khoudia, éblouie, ne pouvait pas croire que tout cela avait été organisé pour elle. C'était un moment hors du temps. L'émotion était palpable. Elle s'assit sur le siège qui lui était réservé, toujours étonnée de la gentillesse de Mourad.
— Tu aimes le cadre ? demanda Mourad, les yeux pétillants de curiosité.
— C’est magnifique, répondit-elle, une lueur de bonheur dans les yeux. Je ne pouvais pas rêver mieux.
Il sourit, heureux de la voir apprécier. Le serveur arriva et déposa les plats avec soin avant de s'éclipser, laissant les deux seuls dans ce cadre idyllique.
Un silence paisible s'installa, puis Khoudia, plus détendue, se tourna vers lui. Elle prit une profonde inspiration avant de parler.
— Je m'excuse si j'ai déjà eu un comportement déplacé, dit-elle d’une voix douce.
Mourad, observant attentivement, lui adressa un sourire rassurant.
— Non, Khoudia, tu n'as rien fait de mal. Tu es une gentille fille.
Elle se sentit soudainement plus à l’aise, détendue par ses mots.
— Je ne m'étais pas imaginé que tu serais un homme aussi élégant, attentionné et si gentil. Tu es juste parfait, ajouta-t-elle, son regard sincère.
Mourad sourit modestement.
— Nul n’est parfait, mais j’essaie toujours de m’améliorer.
Khoudia hocha la tête, en contemplant la mer au loin avant de replonger ses yeux dans les siens.
— Celle qui sera élue aura énormément de chance. Je... je ne pourrai jamais accepter un autre homme dans ma vie après avoir connu un homme comme toi. Si ce n'est pas toi, je finirai célibataire, murmura-t-elle, une note de tristesse dans la voix.
Mourad, surpris, la regarda intensément.
— Ne dis pas cela, répondit-il doucement.
Mais Khoudia le fixa avec détermination.
— Je le promets, dit-elle, mon cœur n’a chaviré que pour toi. Aucun homme ne m’a touchée, Mourad. Et personne ne m’aura... à moins que ce soit toi.
Mourad sembla hésiter un instant avant de répondre.
— Je ne suis peut-être pas l'homme qu’il te faut, murmura-t-il, perdu dans ses pensées.
Khoudia secoua doucement la tête, un sourire tendre se dessinant sur ses lèvres.
— Tu l’es, murmura-t-elle avec conviction.
Ils se regardèrent un instant, avant de reprendre leur repas dans un silence apaisé. Mourad, bien qu'il soit encore troublé par ses paroles, sentit une certaine douceur émaner de l'instant. Il ne savait pas quoi penser de cette conversation, mais il comprenait que Khoudia avait ouvert son cœur.
Elle, quant à elle, savourait chaque seconde passée avec lui, sachant que ce moment était unique, peut-être même décisif.
Après le repas, Mourad se leva, tendit la main à Khoudia et l’invita à marcher quelques pas le long de la plage. Elle accepta, légèrement intimidée, mais le cœur léger. Le sable tiède sous leurs pieds, le bruit régulier des vagues et les lanternes derrière eux créaient une atmosphère presque irréelle.
— Tu sais, dit Mourad en marchant lentement à ses côtés, j’observe beaucoup plus que je ne parle.
Khoudia tourna doucement la tête vers lui, intriguée.
— Et... qu’as-tu observé de moi ? demanda-t-elle timidement.
Il s'arrêta, planta ses yeux dans les siens.
— Que tu caches quelque chose. Pas quelque chose de mauvais. Juste... une partie de toi que tu protèges. Et je respecte ça.
Elle baissa les yeux, troublée, avant de souffler :
— C’est vrai... Mais ce soir, j’ai voulu me dévoiler. Même si j’ai peur.
— De quoi as-tu peur ? murmura-t-il.
— D’être rejetée. De ne pas être celle qu’il te faut... alors que toi, tu es tout ce que je veux.
Mourad resta silencieux quelques secondes, le regard tourné vers l’horizon.
— Tu sais, Khoudia, dans cette histoire... je suis censé choisir. Mais plus le temps passe, plus je me demande si ce n’est pas ma raison qui finira par choisir à ma place.
Elle sourit légèrement, le cœur battant.
— Alors j’espère que ta raison saura entendre le mien.
Il la regarda encore, un peu plus longtemps cette fois. Puis, doucement, il posa sa main sur son bras.
— Viens, je vais te raccompagner.
Ils marchèrent en silence vers la voiture. Aucun mot n’était nécessaire. Ce moment, cette nuit, cette vérité partagée... tout cela suffisait.
De retour à la villa, Mourad la raccompagna jusqu’à l’entrée de sa chambre. Avant qu’elle ne rentre, il dit simplement :
— Merci pour ta sincérité. Tu es une femme précieuse, Khoudia.
Puis, sans attendre de réponse, il fit demi-tour, la laissant là, bouleversée mais heureuse.
Le dernier jour arriva, baigné d’un soleil doux et d’une brise tiède venue de la mer. L’atmosphère dans la villa était différente. Plus calme. Comme si chacune sentait que quelque chose allait basculer.
A suivre