Khoudia ne s’y attendait pas.
— Ne sois pas choquée. Même un aveugle verrait que tu es une perle. Tu as la douceur, la retenue, la dignité… tu es ce qu’on appelle une femme.
— Merci Khalti, murmura Khoudia, émue. Cela me touche profondément.
— Il reste un seul jour. Et tu as encore toutes tes chances. Si tu ressens des choses pour lui, rapproche-toi de lui. Ne laisse pas les autres te voler ta place.
Khoudia hocha la tête.
— C’est tout ce que je souhaite. Devenir sa femme.
Alors Mara se pencha légèrement vers elle et, comme une confidence, lui indiqua :
— Le bureau de Mourad est au bout du couloir à gauche. Il est sûrement encore éveillé. C’est le moment, ma fille. Va lui parler… tente ta chance.
Khoudia la remercia d’un regard. Elle se leva, le cœur battant, prête à suivre le conseil de la femme la plus influente de la maison Al Fayed.
De l’autre côté de la demeure, une fois sa fille endormie dans la chambre, ensuite Saran rejoignit Jennah sur la terrasse. La nuit était douce, et les lumières de Dubaï scintillaient au loin. Jennah l’attendait, visiblement impatiente. Elle avait besoin de parler, de comprendre davantage Mourad, et surtout, de marquer des points à la veille de la cérémonie décisive.
— Saran, j’aimerais discuter un peu avec toi, dit-elle doucement. Je sens que tu es une sœur proche de Mourad… et j’aimerais mieux le cerner.
Saran, franche comme à son habitude, croisa les bras, son regard perçant braqué sur Jennah.
— Je vais être honnête avec toi. Parmi toutes les prétendantes, celle que je préfère, c’est Khoudia. Et je ne suis pas la seule : toute la maison est sous son charme. Elle a ce quelque chose de calme, de sincère… Mais je t’apprécie aussi, Jennah. T’es une fille éveillée, élégante, ambitieuse. T’as ta place, si tu joues bien.
Jennah ne put cacher son agacement. Elle rétorqua, un brin piquante :
— Khoudia n’est pas ce qu’elle prétend être. Tout ce qu’elle montre, c’est pour être choisie. C’est une stratégie.
Saran éclata d’un petit rire ironique.
— Eh bien, dans ce cas, c’est la plus intelligente d’entre vous toutes. Parce qu’elle a réussi à toucher le cœur de tout le monde ici. Même Maman l’aime bien. Et ça, c’est pas rien.
Jennah resta silencieuse. Son visage se ferma. Elle était à la fois frustrée et désespérée.
Saran posa une main sur son bras.
— Il te reste peu de temps. Si tu veux vraiment être choisie, c’est le moment de sortir tes dernières cartes. Montre-lui ce que tu vaux.
Jennah se leva brusquement, déterminée.
— Je vais aller le voir. Je ne peux pas rester là sans rien faire. Pas maintenant.
— Il est sûrement dans son bureau, dit Saran. J’ai vu de la lumière en passant tout à l’heure.
— Viens avec moi, lui demanda Jennah.
Un sourire amusé s’étira sur les lèvres de Saran.
— Avec plaisir.
Et ensemble, elles prirent le couloir menant au bureau de Mourad, prêtes à faire bouger les choses… à leur manière.
Tard dans la nuit, le silence régnait sur la demeure des Al Fayed. Seul dans son bureau, Mourad relisait quelques documents, concentré malgré la fatigue. Il n’entendit la porte s’ouvrir que lorsqu’une silhouette féminine se glissa à l’intérieur. Lorsqu’il leva les yeux, il resta un instant figé.
C’était Khoudia.
Elle portait une fine lingerie sous un peignoir en satin ivoire, ses cheveux libres encadraient son visage doux. Un mélange d’audace et de vulnérabilité flottait autour d’elle.
— Khoudia ? demanda-t-il, surpris. Tu ne dors pas ?
Elle secoua doucement la tête, s’avança de quelques pas dans la pièce.
— Je n’y arrive pas, murmura-t-elle. Je ne fais que penser à toi… et à ce qui va arriver dans deux jours.
Mourad se leva, la rejoignit lentement. Il la trouvait belle. Il la trouvait même… dangereusement séduisante dans cet instant suspendu.
— Approche, dit-il.
Elle s’exécuta. Lorsqu’elle fut à un souffle de lui, sa poitrine effleura son torse. Ils échangèrent un sourire silencieux. Mais Mourad reprit vite le dessus.
— Recule un peu, ordonna-t-il doucement.
Elle obéit avec grâce, sans cesser de sourire. Mourad inspira profondément, tentant de garder le contrôle.
— Tu n’as pas à paniquer, Khoudia. S’il n’y avait pas eu tout ce processus… c’est toi que j’aurais choisie.
Les yeux de la jeune femme brillèrent. Elle se mordit la lèvre inférieure, émue.
— Alors ça ne devrait pas t’en empêcher, souffla-t-elle.
Mourad détourna brièvement le regard, pensif.
— J’ai appris à connaître chacune de vous. Vous avez toutes quelque chose de spécial. Le choix est plus complexe que ce que je croyais.
— Je comprends, dit-elle avec douceur. Quoi qu’il arrive… même si tu choisis une autre, je ne cesserai pas de t’aimer.
Leurs regards se croisèrent à nouveau. Un silence chargé d’émotion les enveloppa. Puis, doucement, elle s’approcha, lui souhaita bonne nuit et déposa un b****r sur sa joue.
Mais alors qu’elle tournait les talons pour partir, Mourad la retint doucement par le poignet. Elle se retourna… Leurs visages étaient si proches que leurs lèvres se frôlèrent. Et dans un élan, Khoudia l’embrassa. D’abord surpris, Mourad tenta de la repousser… puis céda. L’espace d’un instant.
La porte s’ouvrit brusquement.
Saran entra… suivie de Jennah.
Leur apparition coupa net le moment. Saran afficha un sourire malicieux, tandis que Jennah, elle, restait figée, les yeux agrandis par la stupeur et la rage.
Khoudia baissa la tête, visiblement embarrassée.
Un silence gênant s’installa. Puis Saran lança d’un ton amusé :
— On dirait qu’on arrive au bon moment.
Jennah serrait les dents, luttant contre l’envie d’exploser. Elle savait que la cérémonie approchait. Elle ne pouvait pas se permettre un scandale.
— Jennah voulait te parler, expliqua Saran en s’installant sur un fauteuil. Elle ne connaissait pas le bureau, alors elle m’a demandé de l’accompagner.
— Je vais y aller, souffla Khoudia en se dirigeant vers la sortie.
Elle disparut sans un bruit.
Saran la suivit du regard, puis glissa à voix basse, moqueuse :
— Dommage qu’on soit arrivées… je n’imagine même pas jusqu’où vous seriez allés.
Mourad lança un regard noir à sa sœur.
— Tu peux sortir, Saran.
Saran haussa les épaules, amusée, puis sortit à son tour.
Mourad s’assit à son bureau, impassible, puis fixa Jennah.
— Qu’est-ce que tu veux ?
Jennah s’approcha, la voix tremblante d’un calme tendu.
— Je veux juste comprendre… ce qui se passait ici.
Il la fixa sans ciller.
— Est-ce que je te dois des explications ?
— Non… mais j’aimerais savoir.
— Tu n’as pas à le savoir, répondit-il froidement. Si tu n’as rien d’autre à dire, retourne dormir.
Jennah resta quelques secondes immobile, le regard sombre, ses bras croisés contre sa poitrine.
— Qui t’a dit que je vais partir ? lança-t-elle d’une voix froide.
Mourad releva la tête. Il savait ce regard. Ce n’était pas une scène de jalousie… c’était de la fierté blessée.
— Jennah, retourne dormir.
— Non. Pas cette fois. Je ne vais pas me taire ou détourner les yeux. Tu sais pourquoi je suis là ? Parce que mes parents ont voulu que je sois là. Parce que tout ce cirque, ce n’est même pas toi qui l’a voulu… et pourtant, regarde-toi.
Il fronça légèrement les sourcils, l’observant sans répondre.
— Tu n’as peut-être rien organisé, mais tu y participes. Tu regardes, tu juges, tu choisis. Et nous, on est là à se battre pour un regard, un mot, une attention.
— Ce n’est pas aussi simple, dit-il calmement.
— Je n’ai jamais demandé à être dans cette compétition. Mais maintenant que j’y suis, je n’accepte pas d’être humiliée. Pas devant ta sœur, pas devant une autre.
Un silence s’installa. Jennah fit quelques pas dans la pièce.
— Ce que j’ai vu, ça fait mal, Mourad. Pas parce que c’était elle. Mais parce que tu ne m’as même pas regardée.
Il détourna les yeux.
— Tu veux que je parte ? Alors dis-le clairement. Dis-le-moi maintenant.
Mourad la regarda, mais ne dit rien.
— C’est bien ce que je pensais, souffla-t-elle, les yeux brillants.
Elle tourna les talons, mais s’arrêta sur le seuil.
— Si tu crois que je vais me laisser écraser, tu te trompes. Je ne suis peut-être pas ton choix… mais je suis loin d’avoir dit mon dernier mot.
Et elle sortit, la tête haute.
Khoudia, de son côté, était assise sur son lit, les jambes repliées contre elle, un sourire flottant sur ses lèvres. Elle repensait encore au b****r. Elle revivait chaque seconde, chaque frisson, chaque regard échangé. C’était exactement comme elle l’avait imaginé. Peut-être même mieux.
A suivre