Chapitre 6

1153 Words
Chapitre 6 Il était temps de confectionner un bijou de protection au beau montagnard car il allait en avoir bien besoin dans les semaines qui allaient suivre cette rencontre. Il faisait encore jour mais la jeune femme n'avait plus beaucoup de temps devant elle, alors elle sortit son matériel de sorcellerie et commença à travailler son cuir. Elle fit passer une croix de lys à ce qui allait devenir un collier et attacha solidement un fermoir. Puis elle passa dans la chambre dans le but d’ouvrir son manuel de magie une fois de plus. Elle chercha la formule adéquate car elle ne pouvait pas se permettre de se tromper. Elle se déshabilla et alluma une bougie noire en demandant aux forces de l’air de veiller particulièrement sur Nicolas Russo. Elle enleva le tapis de sa chambre et se mit au milieu de l'étoile à cinq branches, entourée d’un cercle, dessinée sur le sol. Elle prit son poignard et invoqua les quatre points cardinaux. Sa voix trouva un écho et elle se servit un verre de vin rouge. Elle récita une longue litanie trois fois de suite et leva son couteau vers le ciel en murmurant : « Que ma volonté soit accomplie », puis elle le baissa sur le bijou qui se mit à briller. Elle demanda également à son esprit familier de l’assister dans ses futurs noirs desseins afin que justice soit faîte, et renouvela ses vœux pour le jeune homme aux masques. ♠♠♠♠♠ A vingt heures pile, Nicolas toqua quelques coups discrets à la porte de Morgane. Elle lui ouvrit et fut surprise de constater qu'il avait troqué son jean contre un pantalon en toile noire ainsi qu'une chemise noire largement ouverte sur son torse. Il s’était coiffé avec du gel et son parfum musqué lui fit tourner la tête. Sans un mot, il se pencha pour l’embrasser tendrement et la jeune femme rougit légèrement, malgré elle. — C'est à moi de te dire à quel point tu es très élégant ce soir ! glissa-t-elle en ouvrant plus largement sa porte afin de le laisser entrer. Il sortit son bras de derrière son dos et lui offrit une rose de couleur rouge, entourée d'un joli nœud papillon. — Merci, tu es adorable, poursuivit-elle, en lui prenant la fleur qu'il lui tendait. — Mais je te retourne le compliment : tu es superbe dans ta longue robe noire ! Elle s’était en effet habillé de manière très féminine et portait de longues boucles d'oreilles en argent et elle avait, comme à son habitude, ajouté une grosse pincée de gingembre à son parfum. — Moi aussi j'ai un petit cadeau pour toi, lui susurra-t-elle en lui jetant un regard espiègle. — Un cadeau pour moi ? répéta-t-il. Elle lui offrit un paquet entouré d'un gros ruban rouge. Il s'assit sur le canapé et l'ouvrit. Il en sortit un collier en cuir brun orné d'un lys en argent en forme de croix. — C'est magnifique ! Où l'as-tu trouvé ? — Je ne l'ai pas trouvé, c'est moi qui l'ai fabriqué, répondit-elle. Il la regarda longuement. — Toi aussi, tu as des talents cachés ! constata-t-il. — Une femme a plus d'un tour dans son sac ! Il se leva et lui demanda de le mettre autour de son cou ; et elle s’exécuta. Alors il se retourna et l'enlaça. Elle ne résista pas. Il lui murmura un merci avant de prendre ses lèvres. Son b****r fut tendre et sa tête se mit à nouveau à tourner. Lorsqu'il s'écarta d'elle, il se dirigea vers le miroir de l'entrée et regarda son bijou en émettant un sifflement admiratif. Morgane alluma quelques bougies dans le salon et lui lança : — Alors ça te plaît ? — Oui, je ne l'enlèverais jamais ! Tu peux compter sur moi. Elle mit la rose dans un vase qu'elle posa sur la table du salon, satisfaite par la réponse de Nicolas. — Pourquoi m'as-tu offert ce collier ? s’enquit-il alors qu'elle disparaissait dans la minuscule cuisine. — Pour que tu ne m'oublies pas une fois que tu seras rentré chez toi ! lui cria-t-elle. Il vint la rejoindre et lui assura : — Mais je n'ai pas du tout l'intention de t'oublier. Je voudrais que tu deviennes ma petite amie. Elle sortit ses lasagnes du four en s'esclaffant : — Parce que ce n'est pas déjà le cas ? A moins que tu n'embrasses toutes les jolies filles qui te font des compliments ? Elle passa devant lui et posa le plat sur la table. — Tu es la première jolie fille qui m'offre quelque chose. — C'est vrai ? dit-elle en feignant de remettre les couverts à leur place. — Oui. J'ai eu des femmes dans ma vie mais je ne saurais pas t'expliquer pourquoi, ce n'était pas comparable à ce que je ressens pour toi. — Aha, je reconnais bien là le jeune homme au franc-parler qui me plaît tant ! Elle lui servit un verre de Martini en s'excusant de ne pas avoir d'autre bouteille d'alcool et reprit la conversation : — Plus sérieusement, cela ne te dérange pas de sortir avec quelqu'un qui habite à plus d'une centaine de kilomètres de chez toi ? — Non, je ne pense pas que la distance soit un problème lorsqu’on se sent bien avec une personne. Morgane hocha la tête et but son verre d'alcool. Elle enchaîna sur un autre sujet : — Les lasagnes sont très chaudes, tu veux bien que l'on jette un œil sur mon texte en attendant qu'elles refroidissent un peu ? — Oui, bien-sûr. Elle lui tendit l'imprimé qu'elle avait sorti quelques heures auparavant. Elle avait écrit un article assez élogieux sur son profil et sa passion. On pouvait y voir des clichés de lui et de ses masques. Celui-ci couvrait une page entière. — Tu as fait un excellent travail, s'exclama-t-il, après l'avoir lu. — Cela te convient-il, où tu souhaites y ajouter quelque chose ? — Non, c'est très bien comme cela. Je suis très content que tu m'aies consacré autant de place. — Tu vas devoir t'attendre à devenir célèbre car le magazine est vendu dans toute la région montagnarde ! — Je t'en suis très reconnaissant. Je me demande comment je ne pourrais jamais assez te remercier. — C'est naturel tu sais, il s'agit là de mon métier. Si mon client est content, alors nous pouvons passer à table. Nicolas but son verre d'alcool et ils s’installèrent à la cuisine. Ils mangèrent tout en discutant de tout et de rien et le jeune homme lui posa quelques questions sur sa vie en-dehors de son travail de journaliste. — Oh tu sais, ce boulot me permet de beaucoup voyager et d'aller à la rencontre des gens. — Et tu n'as pas de famille ? — Non, ma mère est décédée lorsque je faisais mes études et je ne sais pas qui est mon père. Il posa sa fourchette, visiblement ému. — Tu veux dire que tu es toute seule dans la vie ? Tu n'as pas de frère, de tante, ou même de cousin ? Elle hésita un moment puis finit par lui dire : — Non, je n'ai plus de famille. J'ai eu une sœur lorsque j'étais petite mais elle est partie à la mort de maman et je n'ai plus jamais entendu parler d'elle. Je suppose que c’est le chagrin qui l'a poussée à fuir. De toute façon, nous n’étions pas très proches. C'est la raison pour laquelle mon travail est si important à mes yeux : il représente toute ma vie. Elle omit toutefois de lui mentionner qu’elle avait été mariée et que cette aventure s’était terminée par un désastre. Nicolas se leva et prit la jeune femme dans ses bras. Il déposa un doux b****r sur ses cheveux et lui murmura : — Tu ne seras plus jamais seule désormais, j'en fais une affaire personnelle.
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