Elio retrouva Meghna, une demi-heure plus tard, revêtue d’un sarong dans le petit salon près de la piscine sirotant un jus en plein discussion avec Valentino. Il crut comprendre qu’elle lui relatait une de ses aventures sur la plateforme où elle travaillait dernièrement. C’est alors qu’il remarqua une large cicatrice de brûlure sur son omoplate droite remontant légèrement vers l’épaule. Il n’avait pas souvenir de la lui avoir connu durant le peu de temps où ils avaient vécu ensemble avant qu’il aille s’installer à Londres puis en Sardaigne après son mariage.
Même si la cicatrice était quelque peu disgracieuse, elle n’ôtait rien à la beauté de son dos cambré.
Il se demanda un moment comment elle s’était faite cette blessure. Sans doute lorsqu’elle travaillait. Il avait cru comprendre que son travail avait des aspects quelque peu dangereux qui ne semblaient pas la déranger. Soudain, il sentit un besoin de la protéger, de l’éloigner du danger. C’était absurde. Meghna n’était pas du genre à se laisser aider, il en était sûr.
Elle était plus du genre à prendre le taureau par les cornes et à affronter des tempêtes sur les mers. Comment une femme aussi menue peut-elle travailler sur des plateformes pétrolières ? Se demanda-t-il pour la énième fois. Avec son corps et ses jambes, sa peau nacrée, aucun homme ne devait rester insensible à elle.
Aucun.
Il leur signifia sa présence en se raclant la gorge et il vit Meghna se tourner vers lui. Elle le fixa un moment et il crut déceler une lueur reconnaissable dans son regard qui le figea mais elle détourna trop vivement le regard pour qu’il puisse ne pas être sûr que ce ne fut qu’un jeu de son esprit et se dirigea vers la cuisine, les plantant là lui et Valentino qui haussa juste les épaules avant de retourner travailler au jardin.
Avec un soupir, il s’écroula dans un fauteuil près de lui et tira à lui la sacoche qui contenait son ordinateur qu’il avait laissé là à son arrivé et en sortir son ordinateur. La cohabitation n’allait pas être facile les prochains jours, il le sentait.
Il allait travailler un peu.
* * *
Meghna posa son verre sur le plan de travail en essayant de retrouver son calme. Elle tremblait quelque peu.
Elle s’était enfuie du salon avant qu’on ne puisse se rendre qu’elle s’était mise à rougir comme une adolescente.
En apercevant Elio dans une tenue décontractée : un jean et un t-shirt blanc elle avait cru défaillir. Sa tenue accentuait plus que de raison sa beauté mâle et son corps athlétique. Mais surtout pas moyen de faire abstraction de l’aura puissante qu’il dégageait. L’élan de désir qui s’était emparé si soudain d’elle l’avait tellement effrayé qu’elle avait quitté la pièce. Ou plutôt, elle s’était enfuie.
Avec un soupir, elle toucha du bout des doigts la cicatrice qu’elle avait dos mais au lieu d’être submerger par l’habituel dégoût, elle frissonna de plus belle. Comme si la peur que ce souvenir ait ancrée en elle, s’était subitement envolé.
Elle ferma les yeux. Elle n’oublierait jamais comment pour fuir ce mec qui voulait l’agresser à ses dix-sept ans elle avait été brûlé jusqu’à la chair. Elle n’avait jamais oublié la peur qu’elle avait ressentie lorsqu’il l’avait touché et qu’elle avait compris ses intentions. Et si la peur l’avait figé un moment, elle s’était repris et avait frappé l’homme avant de s’enfuir et d’avoir cet incident.
Quelque peu traumatisée, elle n’avait laissé aucun homme la toucher et encore moins l’approcher et cela pendant un bon moment. Mais, elle avait fini par comprendre que cela ne l’avancerait à rien. Elle avait toujours eu un esprit combatif.
Et, pour essayer à sa manière d’oublier cette mésaventure, elle avait commencé à travailler dans des lieux improbables fréquentés à plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent par des hommes, comme un défi. Et, elle avait réussi à supporter leur présence sans en vomir de dégoût ou de peur.
Poussant un soupir, elle rouvrit les yeux et scruta la magnifique propriété qui offrait une vue sur la mer Tyrrhénienne. Pourquoi n’irait-elle pas faire un tour et ainsi mettre un peu d’ordre dans ses idées ? Oui, cela était une bonne idée.
Elle était là pour passer un bon moment et se détendre.
Et, tu pourrais encore mieux les passer dans les bras d’Elio, lui susurra une voix qui la laissa choquer.
Impossible. Inimaginable. Elio n’était pas n’importe quel homme, c’était son cousin par alliance, elle ne devait pas l’oublier. Et, en plus, elle le ne connaissait pas beaucoup. Ils avaient vécu très peu de temps ensemble après le mariage de sa mère et ils ne s’étaient revu que peu de fois ses dix dernières années. Presque jamais.
En plus, il était veuf depuis cinq ans et de ce qu’elle avait appris par sa mère, il n’avait aucune envie de se remettre avec quelqu’un d’autre. Et, même si comme n’importe quel homme il lui arrivait de fréquenter des femmes, il ne comptait pas se remarier. Et, pour elle, le s**e était une chose trop compliquée qui impliquait au moins des sentiments.
Elle était partagée parfois entre son envie de connaître une histoire aussi belle que celle de sa mère avec Silvio et par l’impression qu’elle ne pouvait avoir confiance en un homme. Et, Elio ne semblait pas être un homme à qui elle pouvait justement accorder sa confiance.
Sans oublier le lien familial qui les liait.
Inspirant grandement, elle redressa la tête.
Si elle voulait espérer partager la maison avec lui ses prochains jours, elle allait devoir oublier les frissons qui la parcouraient en sa présence. Ou tout simplement oublier sa présence.