Ramatoulaye
Ma mère m'aidait pour me lever du lit. Mon père était dans le bureau du médecin. Ils sont revenus quelques instants plus tard et le médecin les a demandé de sortir un moment. Il se met en face de moi, me sourit avant de me parler.
- tu vas prendre soin de toi ?
- heu....
- sinon tu ne sors pas. Tu vas encore rester une semaine jusqu'à que tu sois entièrement remise.
- hein? Bien-sûr que je vais prendre soin de moi.
- voilà et tu reviens mercredi. C'est OK ?
- d'accord je reviendrais mercredi
- bien.
Enfin il me laissa sorti. Je rejoignis mes parents qui étaient dans le couloir. Ma mère voulait tenir ma main mais j'ai refusé. J'allais bien maintenant. Je voulais juste sortir d'ici. J'en avais assez, je suis resté deux semaines dans cette chambre l'odeur infecte des médicaments et des désinfectants me donnait envie de vomir.
La voiture s'est arrêtée devant notre maison, plutôt devant la maison de mes parents. On dirait que tout le quartier était au courant que je devais sortir aujourd'hui. Je voyais les voisins devant leur porte en train de voir ce qui se passait. La tête fixait sur le sol, je suis entré dans la maison. Ma tante, Kadia ma cousine et ma sœur Amina étaient dans le salon. Quand elles m'ont aperçu, elles sont venues à notre rencontre. Chacune d'elles me demandait si j'allais bien et je répondais par un signe de la tête.
Ma cousine m'a aidé à monter les escaliers et m'a emmené dans ma chambre ou devrais-je dire mon ancienne chambre. Je me suis assise sur le lit et elle aussi. Mes yeux parcoururent cette chambre où il y'a quelques jours j'étais heureuse de quitter.
- Ramata ?
J'étais un peu perdue dans mes pensées et je n'avais pas entendu ma cousine m'appeler.
- Ramata tu vas bien ?
- oui oui j'aimerais m'allonger un peu.
Après m'avoir aidé à me coucher, elle est sortie. Des images venaient dans ma tête en désordre. Je voyais cette nuit où on était ensemble, son malaise, puis je revoyais le premier jour où on s'était rencontré. Les images allaient et venaient comme dans un diaporama. En un moment je me suis sentie lasse alors, je me suis assoupie.
À mon réveil, il faisait sombre dans la chambre. Avec difficultés je me suis levé pour aller dans la salle de bain. Dès que j'ai allumé la lampe j'étais en face de mon visage que je voyais à travers le miroir. J'avais mauvaise mine, j'avais des cernes autour des yeux. J'ai lavé mon visage puis j'ai soulevé mon habits pour regarder ma blessure, il y'avait juste un pansement. Difficilement j'ai fait une toilette de chat. À mon sorti de la salle de bain, ma mère était dans la chambre.
- ta belle famille est venue ici, me dit-elle, tu viens avec moi dans le salon.
Sans un mot je l'ai suivi. Dans le salon, il y'avait la mère de khalifa, son frère et un homme que je ne connaissais pas.
Je les ai salués avant de m'asseoir près de mon père. Ils ont demandés l'État de ma Santé avant d'entrer dans le vif du sujet.
- cela fait deux semaines que mon fils est parti. Cet homme est venu nous dire que khalifa avait laissé un testament pour le partage de ses biens
Elle est sérieuse ? Khalifa est mort il y'a même pas un mois et elle veut faire le partage des biens. C'est tout ce qu'elle veut de son fils, ses biens.
- cet homme ci présent dit être l'avocat de khalifa et il a demandé à te voir avant, me dit-elle.
Moi je n'avais vu cet avocat en question. Il se leva pour me donner un papier.
- c'est le contrat qu'on avait signé khalifa et moi. En fait il y'a trois mois on l'avait diagnostiqué une tumeur et les médecins lui ont dit qu'il lui resté environ trois années à vivre mais sa mort est survenu plus tôt que prévu. Quand il l'a appris, il voulait précipiter votre mariage car il voulait vivre le restant de sa vie avec vous. J'ai rédigé un testament où il annonce que ses parts dans l'entreprise devraient être liquidés, la moitié est à toi et le restant à sa famille.
J'ai vu un regard de surprise venant de la mère de khalifa. Mais l'avocat n'y fit pas attention et continua.
- il avait vidé ses comptes bancaires et en avait ouvert deux l'un pour sa femme et l'autre pour sa famille. La maison appartient déjà à sa femme avant même le mariage.
Ça je le savais déjà. Quand il achetait la maison il a dit Que c'était mieux de le mettre sur mon nom à cause de l'entreprise en cas de faillite. Là aussi la mère était surprise, elle pensait que la maison allait lui revenir.
- il avait minutieusement partagé ses biens et sa signature est authentique. Il avait émis une possibilité, s'il avait un enfant celui-ci serait le propriétaire des deux terrains qu'il possède à Thiès. Ce qui n'est pas arrivé malheureusement mais il les avait mis sur le nom de Ramata.
Il continuait de lire le testament et moi je regardais toujours ma belle-mère. Elle semblait irritée par tout ce qui se passait. L'argent à l'air d'être un problème et j'ai peur qu'elle m'en veuille. Après la lecture l'avocat m'a dit Qu'il allait repasser pour amener les papiers. Le frère de khalifa, mawdo est venu dans ma chambre pour parler avec moi. Il me faisait promettre de ne plus en prendre à ma vie.
Pourquoi il ne m'a rien dit de sa maladie ? Pourquoi me le cacher à moi ? C'est vrai que j'allais en souffrir mais je pouvais au moins le Soutenir. Je ne peux même pas imaginer l'enfer qu'il a vécu tout seul sans personne pour le soutenir, sur qui il pouvait compter. Que cela doit être atroce d'essayer de vivre et de garder la foi en sachant que bientôt on allait mourir. Oh mon dieu! J'aurais voulu l'assister dans cet enfer.
J'essayais d'aller bien de ne pas pleurer devant ma famille mais c'était pas du tout facile. Quand je reste un moment seule les larmes me viennent comme ça sans même crier gare. C'était difficile très difficile de vivre sans khalifa. C'était dur et inimaginable. Ma cousine était toujours là pour moi. C'est elle qui discutait avec moi qui me console et qui séchait mes larmes. Aujourd'hui son mari est venu à la maison. Ils étaient dans ma chambre et moi je discutais avec ma mère.
- ramata Pourquoi tu n'as pas dîné?
- bien sûr que j'ai dîné.
- j'étais assise près de toi et je n'ai rien vu qui ressemblait à manger.
- je n'avais juste pas faim. Je vais dans la chambre prendre mes médicaments.
C'était juste pour fuir car je sais qu'après elle va me dire que c'est la vie que je devrais vivre que c'est ce que khalifa voudrait mais je n'avais pas envie de l'entendre aujourd'hui. J'en avais même oublié que Kadia était dans ma chambre avec son mari. J'ai vite refermé la porte avant de redescendre. Heureusement ma mère n'était plus dans le salon. Les voyants ainsi a réveillé beaucoup de choses en moi, beaucoup de souvenirs insoutenable. 10 minutes plus tard ils sont entrés dans le salon.
- tu es toute seule ici ?
C'était Malick le mari de Kadia.
- oui ma mère vient de monter. Tu rentres ?
- oui.
- mais reste s'il te plait mon cœur.
- je travaille demain chérie j'ai besoin de sommeil.
- juste un peu.
Ils se chamaillaient et c'était vraiment mignon. Je me souvenais de nos soirées délirantes avec khakifa. Et là à ce moment je ne sais pas ce qui m'a prise je suis monté prendre ma pochette et j'ai hélé un taxi.
Il s'est arrêté devant ma maison, devant notre maison. Le gardien était surpris de me voir. Je l'ai salué puis je suis entré à l'intérieur. Tout était comme je l'avais laissé cette nuit. Je suis montée dans ma chambre et la première chose que j'ai vue, c'était le sang resté sur la moquette. On l'avait nettoyé mais ce n'était pas propre. Je suis partis prendre la serpillière et de la javel pour nettoyer. Je frottais avec toutes mes forces et je me revoyais entrain de m'enfoncer le ciseau. Les images revenaient en boucle je voyais khalifa c'était si réelle si palpable que j'ai cru qu'il était là avec moi. J'ai déposé la serpillière et je suivais ce mirage que je voyais. Ce qui m'amena sur le lit et paisiblement j'ai posé ma tête sur l'oreiller.
La sonnerie de mon téléphone m'a réveillé. Avant de répondre j'ai vu qu'il faisait 00h 35min et c'était Kadia. Elle se demandait sûrement où j'étais.
- allô
- ramata tu es où ?
- je suis chez moi ?
- chez toi?.... Ha OK tu fais quoi là-bas toute seule ?
- Kadia je vais bien OK je dormais sahh tu m'as réveillé.
- je viens tout de suite.
- non non ne viens pas il fait tard.
- tu es sûre ? Wa n'oublie pas que demain tu dois aller à la clinique.
- d'accord bonne nuit.
- bonne 'nuit.
Après qu'elle ait raccroché, je me suis rendue compte qu'il y avait même pas de drap sur le lit. Je me suis levé pour en chercher un avant de me recoucher.
Chérif Rassoul
J'étais obligé d'amener lalia avec moi à l'hôpital. Penda avait des choses à faire et je ne pouvais pas me permettre de l'amener à l'école pour aller travailler vu que j'avais une opération aujourd'hui.
Elle est si active qu'elle ne pouvait rester tranquille.
- lalia prend ton livre et tes crayons et coloris.
- mais j'ai tout fait papa.
- alors lis ou tiens voilà mon téléphone et joue.
Elle sauta sur ma proposition puis s'installa sur le canapé du fond. J'avais 4 rendez-vous avant l'opération qui était prévu à 13h. Les deux patients sont venus et je m'impatientais quand on toqua à la porte.
Ramata
C'est la sonnerie de mon téléphone qui m'a réveillé. C'était Kadia mais bien sûr elle laisse rien tomber celle-là. J'ignore son appel puis je me douche, je m'habille et il était déjà 11 heures. Il faisait tard oui. Il y'avait deux voitures dans le garage mais je ne savais pas conduire. J'ai alors pris un taxi. La clinique n'était pas éloignée donc je suis vite arrivé. J'ai emprunté le couloir qui menait jusqu'au bureau du docteur. Je toque timidement et j'entendis un " entré ".
- bonjour monsieur.
- chérif ça ira bien
- merci.
- et votre blessure ça va ?
- oui
- tu peux t'allonger sur le lit pour que je regarde.
Je fais ce que le médecin me demande. Il enleva le bandage, nettoya la plaie et en remis un autre. Normalement c'était le boulot d'un infirmier non ?
- c'est en bonne voie de guérison mais fais attention.
- papa...
Je me retourne et je vis une petite fille assise derrière moi. Je m'en étais même pas rendu compte.
- papa est occupé.
La fille c'est levé et c'est approché de nous.
- bonjour madame.
- bonjour chérie
- va t'asseoir lalia j'ai bientôt fini.
- vous êtes jolis madame.
- ah ouais ? Merci beaucoup lalia et tu l'es encore plus.
Le médecin a repris sa place et moi je parlais toujours avec lalia. Elle m'a fait rire en me disant que son père travaillait beaucoup. Elle est adorable.
- je te retrouve dans une semaine.
- encore ?
- mais oui.... Hop lalia tu vas rester ici je vais voir si les infirmières peuvent te surveiller pendant l'opération.
- non je veux rester avec elle.
- avec qui ?
- ramata ?
Hein ? Elle veut rester avec moi ? Lalia me fixait avec un regard suppliant.
- mais oui je peux m'occuper d'elle si cela ne vous dérange pas. J'habite à ouakam.
- ouakam? Moi aussi j'habite là-bas. Mais tu es sûr que cela ne te dérange pas ?
- mais non ce sera avec plaisir.
- je vous dépose alors, l'opération est pour 13h.
- d'accord.
- lalia prend tes affaires tu vas aller avec Tata.
Elle sauta de joie et prit son sac.