bc

La Fiancée d’hiver

book_age12+
detail_authorizedAUTHORIZED
21
FOLLOW
1K
READ
like
intro-logo
Blurb

Plongez dans un voyage poétique hors normes et empli de sensualité

"Enfin, le plus beau de ces textes, celui qui s’intitule La Fiancée d’hiver, donne toute la mesure d’un talent d’écrivain, sa liberté, sa mobilité, en une sorte d’incantation baroque et passionnée qui intègre à son élan les écarts de la syntaxe ou du vocabulaire. Passent les saisons, les visages, la fiancée d’été court plus vite que l’eau, celle d’automne est une bourrasque de rires et de frissons, celle de printemps s’enfuit gaiement sous la pluie, celle d’hiver… Il faudrait citer en entier ces pages haletantes et frondeuses. On songe parfois au Blason des fleurs et des fruits d’Éluard. Ou à la simplicité solennelle d’autres poèmes: Votre nom s’écrit dans la bulle de mon haleine chaque fois que je respire. Votre nom s’écrit dans l’empreinte de mes pas." - Georges Anex, Journal de Genève

Un roman original qui personnifie magnifiquement les saisons et plaide en faveur de l’hiver

EXTRAIT

Votre fiancée d’été a les cheveux épais et pain d’épice. Les cuisses fermes et des seins au goût de myrtille au bout. Votre fiancée d’été a des robes de coton indien qui s’ouvrent sur des odeurs de fruit frais et ses yeux ont le vert des prairies à midi. Elle parle haut et crécelle quand elle rit. Et quand elle se tait, son silence encore frémit, frémit… Sa peau transpire la moisson si elle aime et vous la provoquez ; sur ses hanches, vous cueillez des épis à bout de bouche qui griffonnent vos lèvres. Avec elle, vous dansez. Avec elle, vous êtes ceux des courses de lièvres, vous arpentez les bosquets et humez l’écume de la rivière jusque sous ses seins et l’amour (l’amour !) entre dans vos narines, descend au ventre pour s’y nouer et s’y dénouer en bouquets…

Moi, je suis votre fiancée d’hiver.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Anne-Lise Grobéty (1949-2010) étudie à la Faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel et effectue un stage de journalisme. Elle commence à écrire très tôt, et elle a dix-neuf ans lorsque paraît son premier roman. Après un deuxième roman, elle ralentit son activité littéraire pour s’occuper de ses enfants. Dans le même temps, elle s’engage politiquement et siège pendant neuf ans comme députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois. Son mandat achevé et ses filles devenant plus autonomes, elle renoue avec l’écriture dès 1984.

Anne-Lise Grobéty se fait connaître du grand public dès son premier roman, Pour mourir en février, couronné par le Prix Georges-Nicole. La suite de son œuvre remporte le même succès. Ses narratrices cherchent à affirmer leur identité féminine, à une époque où la présence des femmes en littérature commence à s’affirmer. Anne-Lise Grobéty est donc aussi fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l’écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle.

chap-preview
Free preview
La Fiancée d'hiver
LA FIANCÉE D’HIVER17 février 1984 VOTRE FIANCÉE D’ÉTÉ a les cheveux épais et pain d’épice. Les cuisses fermes et des seins au goût de myrtille au bout. Votre fiancée d’été a des robes de coton indien qui s’ouvrent sur des odeurs de fruit frais et ses yeux ont le vert des prairies à midi. Elle parle haut et crécelle quand elle rit. Et quand elle se tait, son silence encore frémit, frémit… Sa peau transpire la moisson si elle aime et vous la provoquez ; sur ses hanches, vous cueillez des épis à bout de bouche qui griffonnent vos lèvres. Avec elle, vous dansez. Avec elle, vous êtes ceux des courses de lièvres, vous arpentez les bosquets et humez l’écume de la rivière jusque sous ses seins et l’amour (l’amour !) entre dans vos narines, descend au ventre pour s’y nouer et s’y dénouer en bouquets… Moi, je suis votre fiancée d’hiver. Celle de printemps a les yeux couleur d’anis, clairs lavés de pluies alcalines. Ne sent-elle pas la fleur de pommier ? Et ses mains toujours ouvertes vous portent de longues caresses et tressent et lierrent sur vous cent lacis de tendresse. Vous écoutez le bruissement du cheminement de ses mains sur votre corps, vous entendez l’avance de ses mains, vous écoutez sa voix d’eau chatouillant chaque caillou qu’elle croise. Et elle cale bien ses jambes entre les vôtres. Moi, je suis votre fiancée d’hiver. Je sais qui est votre fiancée d’automne dont les mots cliquettent aux lèvres comme six fins bracelets au poignet. Celle d’automne a le teint des soleils couchés, les joues cuivrées à souhait de tant de lumières évanouies. Son rire… Son rire déborde à chaque bolée de vent frais ! Et, bien sûr, vous aimez sa démarche de feuille morte qui tombe tombe tombe… dans vos bras. Celle d’automne a en elle l’odeur du feu, ses cheveux sentent la réglisse et le bois brûlé et même ses yeux ont les reflets de la torrée quand la flamme a renoncé. Tout ce qu’elle crie dans vos oreilles, elle s’arrime à vos épaules pour jouir. Elle a des doigts de porcelaine vive qui jouent du piano. Moi qui voudrais être tout cela, je ne suis que votre fiancée d’hiver. Je sais : votre fiancée d’été, longuement, crie votre nom dans l’air transparent, tête en arrière, gorge bien tendue et votre nom finit en cri de pigeon quand vos doigts qui suivaient la vibration de ses cordes vocales se plantent plus profondément dans son cou. Je sais : votre fiancée de printemps grave dans la cire de votre oreille le sillon de votre nom – comme dans une écorce qui en portera la trace toujours, même quand l’arbre sera abattu restera la marque de votre nom au sien mêlé. Et sans cesser de sourire, vous arpentez sa nuque dure de votre main, cherchez une voie pour atteindre son aisselle où veille cette odeur de fraise mûre… Non, ce n’est pas un secret : votre fiancée d’automne chante au vent dix exquises berceuses où s’endort votre nom ; à côté de votre lit, dispersées, il y a ces pelures d’oranges, vous avez croqué ensemble dans leur acidité et tressailli ensemble, quelques gouttes de jus comme des perles rosées ont goûté son épaule et, maintenant, n’est-ce pas votre odeur profonde que vous retrouvez en humant le trou de son nombril ? Pourtant, il vous fallait bien une fiancée d’hiver, non ? Je suis celle d’hiver, celle du silence, de l’amortissement des pas et des voix. Je tiens dans ce vieux fond glacé de silence depuis si longtemps et les grelots tintent à mon cou tout doux dans l’air noir, vous les entendrez si vous vous taisez, écoutez bien – tideliti ! – dans le léger crissement de mes bottes sur la neige brillante… Et vous ne voyez rien dans cette buée grise qui couvre mon visage ? Votre nom s’écrit dans la bulle de mon haleine chaque fois que je respire. Votre nom s’écrit dans l’empreinte de mes pas. Même si je ne parle pas (comment parler quand le froid insensibilise vos lèvres ?) même si je ne chante pas (comment chanter si l’air glacé se renverse dans vos poumons ?) il y a pourtant autour de mon visage cette vapeur : je respire. Je respire haut et clair, à longues bouffées saturées, à grands traits dans l’air durci ; et c’est votre nom que j’écris en respirant, vous ne voyez donc rien ? D’accord : votre fiancée d’été court plus vite que l’eau qui saute par-dessus les pierres pour gagner du temps. Elle se tortille en courant et l’air chaud roule sous ses blouses indiennes. Vous croquez dans des pizzas couvertes d’olives vertes et noires, vous criez « santé ! » en faisant claquer vos verres l’un contre l’autre, vous saluez des amis, vous dansez museau contre museau, vous rentrez tard enchâssés l’un dans l’autre, la muscade du désir plein la bouche. Avec votre fiancée d’automne, c’est la braise qui couve sous vos pas. Vous passez à travers les haies comme des oiseaux ravissant au passage les noisettes, faisant voler les feuilles bonnes à mourir. Vous êtes une bourrasque de rires et de frissons et le pain que vous coupez sème ses graines de sésame. Vous piquez dans les cheveux de votre fiancée de printemps tiges de renoncules, pâquerettes, y semez du lilas mauve avant que la rouille ne l’attaque. Vous croyez que je ne sais pas tout ce que vous faites avec elle : les repas sur le balcon, le pas de course pour fuir la pluie et ses colliers gris attachés à son cou qui s’entrechoquent dans l’aigu – et longtemps après votre passage – quand elle referme sur elle ce gros châle bleu lavande. Vous vouliez une fiancée d’hiver : je suis née. Alors, pourquoi me mettre à la consigne de l’amour ? Parce que je n’avance qu’au pas à pas, que ma marche est ralentie par les menées de neige, la route glissante et les flocons si serrés qu’ils forment un grillage qui me retarde et me retient ? Ce n’est pas ma faute, ce n’est pas moi qui ai fait, entre vous et moi, ces remparts de neige, ces chemins glauques de glace, ces tempêtes qui brouillent sens et boussole. Ne croyez-vous pas que j’aurais préféré qu’il y ait entre nous une source moirée où nous nous serions penchés en même temps pour boire, nous cognant la tête et buvant de bonheur, une grosse bosse au front ? Qu’il y ait, entre nous, un feu de bois dur qui ravinerait nos visages et ramènerait la course du sang dans mes veines ? Vous dites que je suis froide et insensible. Certes, mes doigts, parfois, s’engourdissent et restent cabrés vers le centre de ma main : je suis votre fiancée d’hiver ; celle des cheveux bonnets de laine, celle des mitaines. Ma peau n’a pas l’éclat de la fleur du verger, ni celui du seigle mûr, ni celui des raisins translucides. Elle a l’opacité du gel sans la hardiesse du dessin, elle en porte la pâleur, et mes yeux c’est le gris bleu métal des ciels d’avant la neige… Notre marche, j’en conviens, est une prière aux nuages trop proches. Je leur parle bas comme glougloutonne l’eau sous le tain de la glace. Je veux avancer dans ma bouche, dans mes mains, dans mes yeux même si l’hiver ferme toute issue. Car l’important c’est de sentir en soi ces traces de vie comme traces de cuivre et d’arsenic dans le corps. L’important c’est de cercler dans son ventre ce peu de bonheur qui s’y est formé pour qu’il ne glisse pas trop tôt, ne lâche pas prise avant d’être mûr ! Vous pensez peut-être qu’à parler autant je cherche à oublier ? Non, je n’oublie pas : votre fiancée d’été est miel et citron, elle a une mère artiste qui dessine des oiseaux au fond des assiettes et qui vous reçoit à sa table et ma mère à moi n’est pas encore née ; votre fiancée d’automne – musc et cannelle – a un piano sur lequel il pleut quelquefois quand le toit de sa maison a trop bu de pluies et de rosées ; celle de printemps, ambre et muguet, cisèle des colliers et raconte aux enfants des histoires de fées. Vous déversez sur elles les baisers comme verrées de sirop, prunelle et sureau, cassis et groseille, vous vous livrez à leurs boucles et à leurs bouches, vous écartez leurs mains et leurs jambes pour les mieux aimer, vous les faites rire et boire et courir et nager et parler et tourner, vous épicez les sauces de toutes sortes d’épices – débris de thym, ondée de coriandre, semée de basilic – vous dressez la table, retroussez les draps. Et pour moi qui suis votre fiancée d’hiver, que faites-vous donc ? Moi qui tombe tombe tombe en amour, vos bras n’amortissent même pas ma chute ! Vous me voyez tomber et ne faites aucun geste… Pourtant, je suis toute pareille aux autres : comme elles, je vais vers quelque chose d’irrémédiable. Comme elles, comme vous. Comme vous et elles, je ne suis pas d’ici, je pends, pieds sur terre, tête en bas dressée dans le vide de l’univers. Pas plus qu’elles, je ne sais quelle force ou quel grappin me retient au sol, alors que sous mes pieds je ne vois que radicelles fines comme ficelles de givre. Pourtant, je tiens. Et je sais encore moins quelle chiquenaude va, un jour, me détacher de ce socle et m’envoyer gicler en l’air dans l’univers, me faire dériver dériver où, pour quelle gorgée de temps, vers quel autre hiver… Vous voyez, je suis comme elles, éphémère. Elles vous quitteront aussi, vous pouvez me croire, pour d’autres hémisphères ! Mais peut-être est-ce ma faute de m’être si peu pressée ? Votre fiancée de printemps était la première, couverte de semis de roses, chaussée de bottes rouges et la bouche pleine d’histoires à raconter. Puis est venue celle d’été, on vous l’a présentée un dimanche au bord du lac, elle rangeait sa planche à voile et vous avez parlé des vents qui aspirent les eaux, tandis que ses pieds séchaient sur le gravier. Vous n’avez pas eu à attendre longtemps celle d’automne ; à la première drossée de nuages, elle enfilait son rire dans le vôtre et sa main dans vos cheveux en femme décidée qu’elle est. Et moi, votre fiancée d’hiver, je tardais. Je rêvais dans le blanc battu en neige des ciels de fin d’année. J’admirais l’ivoire du paysage. Je guettais les geais et les verdiers. Je grattais l’échine des arbres à y user mes ongles, parce qu’ils aiment tant ça. Je marchais, parlant très bas, dans les semées de givre, les braises de la bise aux joues. Je voulais sentir chaque instant se soulever du sol comme un pas qu’on fait. Je voulais le sentir retomber. Et, alors, je ralentissais de plus en plus ma marche, je m’arrêtais de plus en plus souvent, je suspendais mon souffle, mon sang même s’enlisait. Tout à coup, je ne peux plus bouger : l’instant me solidifie dans sa croûte de froid, sur mes paupières pèse le froid et tout ce qu’il y a dans ma tête… Dans ces moments-là, je vais vous dire, il faut que je sois très très attentive, car l’hiver qui m’a versée au dossier de la vie peut tout aussi bien me reprendre sans autre forme de procès, m’endormir en catimini entre ses draps frais pour toujours… Mais – le savez-vous vraiment ? – c’est pour vous qu’au dernier moment je peux encore soulever mes paupières, que j’arrive à obliger mes yeux à revoir autour d’eux, que mes doigts se déplient pour commander la marche ; pour vous que je me conserve vivante, que je garde un peu de sang chaud dans le cercle de mes lèvres pour le b****r que je vais vous donner. Car, à ce b****r, comme j’y crois ! Sinon je serais déjà morte de froid. Je sais que je suis votre fiancée d’hiver. C’est vrai, parfois on s’étonne de sentir l’autre résonner si fort en soi, sans qu’on sache exactement où ni pourquoi. Et enfoncée dans les braises de la bise, brûlée jusqu’au fond de soi, plus très sûre d’être encore sur la piste, on s’interroge à avoir la débattue dans la tête : pourquoi suis-je restée si longtemps à rêvasser et à errer entre ces buissons vides, à gratter l’échine des troncs pour dénicher quelque chose de vivant, à vouloir connaître le nom de chacun d’eux, à écouter le geai dépasser les bornes (crier crier comme un hors-la-loi dans l’éclair bleu de son aile…) tandis que lui soufflait sur les graines de pissenlits pour les semer dans la chevelure de sa fiancée de printemps toute en chairs rosées, tandis que lui suçait et croquait les cerises pendues aux oreilles de sa fiancée d’été (et ses dents de temps en temps se trompaient croquant le lobe clair et sa langue s’égarait, s’attardant dans le puits de l’oreille) tandis que lui humait sur elle ce fumet de chasse et récoltait sur son corps une bolée de cornes d’abondance… Pourquoi ai-je tant traîné, moi qui arrive si tard dans sa vie où tout est déjà encombré de femmes et d’enfants, de tiroirs bien remplis, de pipes bourrées et rebourrées, d’agendas et d’horaires, de mots déjà dits, de commissions du samedi ? Y a-t-il encore une paroi, une anse, une crique, une poche, un tout petit creux où ma voix résonnera en vous ? Vous pensez que je n’ai rien à donner ? Vous dites que je suis froide et insensible. C’est que vous n’avez pas encore touché le fond de moi. C’est que vous n’avez pas vraiment osé me rejoindre. Oui, l’amour aussi est une bourrasque quand il renverse tout en nous et vous n’osez pas vous aventurer dehors sans votre cache-nez ! Vous m’empêchez de dormir et c’est vous qui hibernez… Vos fiancées de soleil et d’eau claire et de feuilles en broussailles, ne trichent-elles jamais avec vous ? Moi, quand je pense à toi, ton corps explose dans mes mains et déchire mes chairs comme une grenade. Comment peuvent-elles encore avoir des mains, elles qui te touchent ? ! Je suis ta fiancée d’hiver. Que crains-tu ? Le froid n’a pas de prise sur mon manteau de laine et je t’y enroulerai avec moi. Nos chambres sont chauffées et tu entendras le bois des parois s’étirer et craquer d’aise sous la chaleur. Tu entendras le fourneau chuchoter chut chut et chahuter les bûches. Je ne parlerai pas pour que tu entendes tout ça. Je te ferai boire du thé où flotte un frêle tronc de cannelle, tu respireras le pain noir quand il sort du four banal devant la maison et qu’on le jette brûlant dans les corbeilles à demi enfoncées dans la neige… Votre fiancée d’été sait jongler avec trois oranges ? Celle de printemps change le vin en rires ? Celle d’automne aime les chauves-souris ? Mais moi, moi votre fiancée d’hiver, je peux, rien qu’en les pressant dans mes paumes, changer les noix en une belle huile jaune ! Je connais bien d’autres secrets et je vous dirai comment mes tours de sorcière. Le feu en brûlant ses histoires m’a tant de fois consumée avec lui que je brûle eau-de-vie à l’intérieur… Sentez au creux de ma paume, chaude et huilée. Je suis glace et lave, braises et bise, silence ouatiné et sirène du vent des bourrasques : je suis votre fiancée d’hiver, rêvant d’être vos larmes – car mes larmes à moi, à peine nées de mes yeux, sont déjà perles de gel, et si j’étais vos larmes, je naîtrais sous vos paupières chaudes, roulerais sur votre visage brûlant, bouillonnerais sous vos lèvres de pierre ollaire ! Fiancée d’hiver, je suis née. Fiancée d’hiver, je persiste et finirai. Mais je n’aurai pas peur quand la secousse m’arrachera à ma terre. Car de vous avoir aimé, j’ai appris que mes limites étaient bien au-delà des contours de mon corps ; c’est comme si je m’allongeais et m’étirais déjà loin au-delà de moi-même, vers ces territoires d’inconcevables infinis…

editor-pick
Dreame-Editor's pick

bc

Le fils du patron

read
156.5K
bc

Le prix de ma cupidité

read
10.4K
bc

La mariée de substitution [Complété]

read
5.7K
bc

La saga d'Aila - Tomes V à VIII

read
1K
bc

Parce que tu es ma dame

read
2.3K
bc

Âme sœur

read
3.2K
bc

Mon garde du corps ( Un peu trop sexy)

read
15.2K

Scan code to download app

download_iosApp Store
google icon
Google Play
Facebook